BIEN SE PLANTER EN ILLUSTRATION

 

Je vais vous parler d’échecs, de plantages et de grosses gamelles. Mais laissez-moi d'abord vous raconter comment j’en suis venu à exercer le métier d’illustrateur suite à une succession d’échecs, aussi désagréables les uns que les autres, mais pour ma plus grande joie aujourd’hui, car figurez-vous, qu’entre mon premier échec et aujourd’hui, j’ai réalisé un sacré parcours.Clod illustration blog bien se planter en illustration

Premier plantage

Il faut vous dire que je suis autodidacte en tant qu’illustrateur. Mon BTS électrotechnique en poche, j’ai commencé à bosser en entreprise à 22 ans, convaincu que j’allais évoluer toute ma vie dans ce milieu professionnel. Mais force était de constater qu’au bout de quelques années je n’étais pas du tout, mais alors pas du tout à ma place. Clairement je m’étais trompé de voie. On peut dire que c’est mon premier gros ratage. Trois ans plus tard, un ami photographe à qui je confiais mes préoccupations, m’a suggéré : « Toi qui aime bien dessiner, tu n’as qu’à en faire ton métier ! » Ah oui tiens, je n’y avais pas pensé !

Passionné de bande dessinée à l’époque, j’ai tout lâché pour me lancer là-dedans, sous la désapprobation angoissée de mon entourage. Comme je ne fais pas les choses à moitié, j’avais tout bien organisé. D’un côté je démarchais les agences de pub et les magazines pour essayer de gagner ma vie en réalisant des illustrations - au secours quand je revois aujourd’hui le book que je présentais à l’époque ! - De l’autre côté, je développais des projets d’albums de BD, ma véritable passion. Il m’a fallu une bonne dose d’inconscience et beaucoup de motivation, je m’en rends bien compte aujourd’hui.

Je vous passe toutes les gamelles de projets refusés, les moments de découragement et l’ombre de l’artiste raté planant au-dessus de ma tête. Enfin, au bout de quelques années, je parviens à trouver des éditeurs et à sortir quelques albums. J’étais devenu « auteur de bande dessinée ».

Deuxième plantage

Pourtant, au fond de moi germait un sentiment désagréable. J’avais réalisé un rêve d’enfant et malgré tout je n’étais pas vraiment heureux. Je n’aimais pas vraiment dessiner des pages de BD, je trouvais ça long et fastidieux. Je ne me l’avouais pas bien sûr. Imaginez, un rêve de gosse brisé ! Deuxième gros plantage, bien difficile à vivre celui-là, avec un vrai sentiment d’échec bien comme il faut.

Finalement au bout de deux ans - c’est long deux ans quand on mouline - je me suis rendu compte que je prenais plus de plaisir à réaliser des illustrations pour mes commandes que de dessiner des BD. Je me suis donc consacré exclusivement à l’illustration. J’ai surtout changé ma façon de voir les choses, ce que je considérais comme un échec, je l’ai regardé comme une étape dans ma carrière me permettant d’accéder à de nouvelles perspectives. Et pourquoi nos rêves ne changeraient-ils pas ? Bon sang comme cela a été libérateur !

Les échecs aussi difficiles soient-ils à vivre me semblent à présent presque nécessaires, du moins inévitables, si je désire évoluer. Plus je tente, plus je m'expose et plus je prends le risque d’échouer. D’un autre côté, plus j'essaie, plus j'augmente mes chances d’avoir un succès. C’est une évidence, c’est mathématique. Échecs, succès, peu importe, ce qui me semble important c’est d’avancer, de ne pas m’ennuyer en restant sur place. D’ailleurs, je sens déjà que les choses vont évoluer pour moi, car je vois poindre le nez de mon prochain échec.

Le sujet de cet article m’a été suggéré à la lecture d’un petit livre bien sympathique de Charles Pépin, « les vertus de l’échec » aux éditions Allary.

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