Ne jamais rien lâcher

Nous avons souvent tendance à ne voir que la partie visible du succès. Dans la partie cachée de l’iceberg, se nichent les qualités nécessaires pour parvenir à nos fins. Parmi elles, la patience, l’assiduité et… la persévérance. Je ne parle pas ici d’entêtement ou d’acharnement, contre-productifs, mais bien de cette qualité qui nous pousse à franchir les obstacles dès lors que l’on décide de parvenir à un résultat. Tout ça pour dire que j’ai une petite histoire d’opiniâtreté à vous raconter.

Clod blog : ne jamais rien lâcher

L’histoire commence en 2014. À la lecture d’un fait-divers intitulé « Le calvaire de mamie Yvette », sur le site internet du Parisien, j’ai comme un flash : je vois clairement l’image qui collerait à l’article et je réalise l’illustration, juste pour le plaisir. Les jours suivants, d’autres fait-divers « rigolos » attirent mon attention. Ainsi nait l’idée d’un projet personnel. Deux ans plus tard, j’ai accumulé une belle quarantaine d’illustrations de fait-divers.

Une chose en entraine une autre et me vient l’idée d’en faire un livre. Je contacte illico Le Parisien avec l’espoir d’une collaboration. Je bombarde de mails et de coups de téléphones pour obtenir le nom de la bonne personne à contacter. À force d’insistance, un beau matin, je reçois un mail de Nicolas, journaliste à la Rédaction. Six mois passent et malgré son soutien, toujours pas de livre. J’ai visiblement omis un détail : le métier du Parisien, c’est produire un quotidien, pas de concevoir un livre. Qu’à cela ne tienne, ce livre, je vais le faire tout seul ! Eh ouais ! Et je demande à Nicolas de m’en faire la préface.

Me voilà donc à concevoir le livre. À la veille de partir chez l’imprimeur, j’obtiens à la dernière minute cette fameuse préface que Nicolas m’avait promis. Il m’aura fallu le « harceler » un peu au passage. Pardon Nicolas ! Le livre part à l’impression et je reçois les 250 exemplaires tous-beaux-tous-chauds de mon « Calvaire de Mamie Yvette, et autres faits-divers illustrés ».

Je vous passe les détails de comment on écoule 250 exemplaires d’un livre. Néanmoins, j’en garde quelques-uns de côté pour remercier Nicolas d’avoir encouragé le projet et écrit la préface. Coups de téléphone, mails, sms, mon Nicolas est très occupé, mais j’arrive quand même à le croiser et il repart avec une vingtaine de livres, qu’il m’a demandé de dédicacer pour les collègues de la Rédaction.

Et le lendemain exactement - je m’en souviens ! - je reçois un coup de fil du Directeur des Rédactions, en personne, qui me dit « super votre livre, on va travailler ensemble ! » Trois jours plus tard, j’illustre mon premier article pour le Parisien. Notons au passage que c’est une petite révolution, car pour la première fois, le quotidien introduit une illustration dans ses pages. Nous sommes fin 2016, presque trois ans après avoir réalisé ma première illustration tout seul dans mon coin.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. A l’occasion d’un événement, Sébastien, Rédacteur en Chef au Parisien, me suggère de réfléchir à une exposition sur mon travail pour le journal. Là encore, je vous épargne la liste des obstacles qu’il a fallu franchir, pour arriver à monter cette exposition, mais je peux vous dire que nous y sommes arrivés et que l’exposition a bien lieu en ce moment même *, soit six ans après avoir esquissé le premier trait de ce projet.

De cette aventure, je tire trois leçons. Premièrement, c’est un leurre de croire que tout peut arriver en un clin d’œil. En réalité, il faut du temps. Deuxièmement, je crois que les beaux succès ont, pour la plupart du temps, une origine désintéressée. Et troisièmement, il est évident que rien de solide ne se construit sans une belle dose de persévérance. Demandez au Facteur Cheval ce qu’il en pense, lui qui, du haut de son Palais Idéal, nous lançait à tous son « plus opiniâtre que moi, se mette à l’œuvre ! »

* L’exposition « Clod, illustre nos faits-divers » à lieu du 9 mars au 6 avril 2020 dans le hall d’accueil du Parisien, 10 Bd de Grenelle, 75015 Paris.

Merci à Nicolas Jacquard, Sébastien Ramnoux, et toute la Rédaction du Parisien, pour cette belle aventure.

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